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Bourses d'aide à la mobilité étudiant(e)s

Lauréate 2025 : Dauphine de Haldat du Lys

Mes recherches portent sur la production de passementerie, de rubanerie et de tissuterie à Paris au XVIe siècle, ainsi que sur l’organisation des métiers qui lui étaient associés. Un large pan de mes travaux est dédié à documenter les techniques et les savoir-faire mis en œuvre par les artisans parisiens. En m’appuyant sur des sources d’archives, telles que les inventaires d’ateliers, les contrats d’apprentissages et les règlementations des métiers parisiens, je tente de retrouver les outils utilisés par les artisans et d’identifier les articles de passementerie (boutons, houppes, rubans) qu’ils confectionnaient au XVIe siècle. Ces sources sont ensuite croisées avec des documents techniques et iconographiques et les rares témoignages matériels qui nous sont parvenus. Par ailleurs, afin de mieux appréhender ces savoir-faire, j’ai suivi plusieurs formations techniques, dont des initiations au tissage au métier à la ceinture et à la dentelle aux fuseaux. Or, il me restait à comprendre le fonctionnement des métiers à cadres, outils centraux dans la production de rubans et de tissuterie au XVIe siècle (Fig. 1). Mentionnés systématiquement dans les ateliers des rubaniers parisiens, certains étaient parfois spécifiques au tissage de façonnés. Ainsi, les métiers « à haute lisse » (à la petite tire) permettaient de fabriquer les rubans à carreaux, à grains d’orge, à bâtons rompus, ou encore à fleurs de lys et à cœurs qui étaient commercialisés dans la capitale. Le séjour organisé par l’Afet ayant pour objectif la découverte du métier à la tire arabo-andalou, j’y ai participé afin de mieux comprendre les techniques du tissage manuel ainsi que la production traditionnelle d’étoffes façonnées. 

Au sein de l’atelier Dar-el-Tiraz, la formation pratique animée par Hassan Kabil, l’un des rares détenteurs des techniques du tissage au métier à la tire arabo-andalou, a permis de me familiariser avec le maniement des métiers à la tire, dont on ne trouve en France que des modèles de démonstration. S’il s’agit d’un métier spécifique à cette région, son fonctionnement nous renseigne sur la production préindustrielle des tissus façonnés français. En effet, n’ayant pas connu d’évolutions techniques depuis son introduction à Fès, au tournant du XIIIe siècle, il reste l’un des rares témoignages du tissage manuel (Fig. 2). Voir le métier en action a été essentiel à la compréhension du processus du tissage façonné, de la programmation du décor au passage de la navette, en passant par la levée des lisses de fond, de liage et de décor. Par ailleurs, tirer les lacs ainsi que s’essayer à la fabrication des différents nœuds (de réglage et de réparation de la chaîne, du rattachage des marches) a permis d’appréhender non seulement les gestes des ouvriers mais aussi l’ampleur et la rigueur de leur formation. Le passage à la pratique éclaire également le temps nécessaire au montage du métier et au tissage. Ce dernier point, en particulier, m’a aidée à envisager d’un nouvel œil les durées d’apprentissage et de production des métiers de la passementerie cités dans les sources du XVIe siècle : si les délais de confection sont rarement spécifiés, on trouve quelques indices quant aux temps de formation des apprentis rubaniers. Or, seul leur rapprochement avec la production artisanale actuelle, celle de Sy Hassan en l’occurrence, permet d’identifier ce qui relève de la transmission d’une technique et ce qui dépend des savoir-faire et des processus propres à une époque.

Si l’atelier technique proposé par Sy Hassan a été l’un des points forts de ce séjour, les interventions d’Isabelle Riaboff sur le tissage des ceintures de Fès conservées au musée ethnographique al-Batha ainsi que lors de la visite de la médina ont révélé l’histoire d’un important centre textile toujours en activité. La découverte des ateliers de tisserands, de teinturiers ou encore de brodeurs sur carton a donné accès à la grande variété d’artisanats traditionnels occupant la ville (Fig. 3). Divisée depuis le XIVe siècle par quartiers de production spécifiques (quartiers des fileurs, des tanneurs, des teinturiers, des passementiers…), la médina de Fès incarne en outre l’exemple d’une ville dont l’organisation est encore marquée par les communautés d’artisans. Enfin, ce séjour a été enrichi par les échanges et les discussions, tant avec Sy Hassan et Isabelle Riaboff qu’au sein-même du groupe de l’Afet, dont la variété des spécialisations et des expériences de chacun et chacune a permis d’éprouver des réflexions communes.

Je tiens donc à remercier très chaleureusement Sy Hassan et Isabelle Riaboff de leur accueil et d’avoir partagé leurs connaissances, ainsi que l’Afet pour l’organisation de ce voyage passionnant et la remise de cette bourse qui m’a permis d’y participer. 

 

Liste des publications de la lauréate :

« bourse, Arras, cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Vaast », dans Catalogue des broderies des collections publiques françaises (1200-1600), 2025, en ligne : broderies.saprat.fr (consulté le 14 juillet 2025).

En co-direction, Critiquer ou discriminer, actes du séminaire transversal 2024, École doctorale 472, École pratique des Hautes Études (EPHE-PSL), 2025, en ligne : ed472jt.hypotheses.org (consulté le 15 juillet 2025).

« Circulation et adaptation de la coiffure cingaresca entre Mantoue et la cour de France (1545-1570) », dans Marion Dufau et Nadège Gauffre Fayolle (dir.), Transmission(s) Textiles, actes des journées d’étude de l’Association française pour l’étude du textile, Charenton-le-Pont, 23-24 novembre 2023 (à paraître en 2025).

« Les passementiers italiens : experts à la cour de France dans la première moitié du XVIe siècle », dans L’expert, détenteur et acteur du savoir du Moyen Âge à nos jours, actes de la VIe journée d’études doctorales du laboratoire Saprat, Paris, 23 février 2024 (à paraître en 2025).

« La passementerie dans les garde-robes aristocratiques au XVIe siècle : techniques de fabrication des glands et des boutons à Paris », Annales de Janua, n°11 : Vêtements, parures et accessoires de l’Antiquité à nos jours (à paraître en 2026).

 

Frontispice (détail), La fleur des patrons de lingerie…, Lyon, chez Claude Nourry, vers 1535, Paris, Bibliothèque nationale de France, Res. 4-LH-94 © BnF/Gallica. Libre de droits.
Sy Hassan et son métier à la tire arabo andalou. © Dauphine de Haldat
Teinturiers de la médina de Fès. © Dauphine de Haldat

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